La cosmeto bio, combat militant ou la nouvelle cosm'éthique?

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La cosmeto bio, combat militant ou la nouvelle cosm'éthique?

En chiffres, le marché de la Cosmétique Bio reste encore un marché niche. Evalué à plus de 7 milliards d'euros au niveau mondial, il ne représente que 2,3% de la consommation des produits de beauté. Mais il progresse, et vite! L'institut Kline nous promet de belles perspectives. La croissance enregistrée en 2015 (10%) devrait se répéter jusqu'en 2019.  Les raisons d'y croire? L'observation du Salon Marjolaine, le salon du Bio, qui vient de fermer les portes de sa 42ème édition au Parc Floral du Bois de Vincennes.

Une foule compacte et variée a visité les 550 exposants dédiées à la consommation éco-responsable : mode, tourisme, alimentation, santé...et beauté. On pourrait penser rentrer dans le club des altermondialistes, des hippies chics ou des bobos très bohème. Erreur! le public n'affiche pas les stigmates d'un militantisme excessif, mais tout simplement l'envie de consommer des produits sains.

Au-delà des comprimés de spiruline, des poudres d'açaï ou de chips de kale, le salon fait honneur à une multitude de marques cosmétiques labellisées bio ou 100% naturelles. On pourrait s'attendre à des textures lourdes et des parfums capiteux. Erreur! les émulsions sont légères et les parfums subtils. La formulation bio progresse, dans le plaisir et l'efficacité. Les formules INCI abandonnent le fameux "aqua" en tête de liste et rivalisent dans leur concentration d'actifs naturels. On découvre les vertus du lait d'ânesse, du lait de chèvre ou du lait de jument pour les marques "cruelty-free" qui utilisent des actifs d'origine animale mais sans les faire souffrir. On plonge dans l'univers exclusivement végétal des marques vegan faisant la part belle aux superfruits, aux graines germées et aux hydrolats. Derrière ces marques, des artisans passionnants et passionnés. Héritiers d'un savoir-faire familial ou jeunes entrepreneurs, ils partagent les mêmes valeurs: offrir des produits authentiques et naturels, en privilégiant un mode opératoire local et une production éco-responsable.  Mais à quels prix? sont-ils toujours guidés par le respect du sens commun? Oui, à 20€ la crème hydratante ou 85€ le sérum anti-âge ultra-concentré, l'esprit de raison domine.

Alors la cosméto bio, un combat militant? non, bien sûr. LA nouvelle cosmétique? non plus.  Mais une alternative en plein essor à la cosmétique conventionnelle, c'est certain. En revanche, la promesse "bio" ne suffit plus. Face à cette offre pléthorique, les marques doivent signer leur différence bien au-delà de la caution des labels écologiques, de la qualité de leurs produits et de leurs engagements éthiques. Là est tout leur enjeu: résister à la concurrence sans se dévoyer, réussir leur développement sans trahir leur principe d'économie responsable et de consommation raisonnable.

Sabine Boisset, Figures de Style.

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